Alexandre Beaudoin, ATER à l'ISTO donnera, dans l’amphithéâtre, un séminaire titré: "Localisation de la déformation dans une croûte continentale granitique impliquée dans un cycle subduction/exhumation (massif du Tende, Corse) : mécanismes de déformation et enregistrement 40Ar/39Ar".
La datation 40Ar/39Ar est aujourd’hui utilisée dans de nombreuses études portant sur des zones de cisaillement, pour contraindre l’âge de la déformation. Le mica est souvent utilisé à ce titre car il est très réactif et joue un rôle important dans la rhéologie des matériaux, provoquant un adoucissement rhéologique et la localisation de la déformation. L’interprétation des âges dans les zones déformées est cependant ambiguë, car les nombreux paramètres contrôlant les âges (composition chimique, taille de grain, création de chemins préférentiels de diffusion, fluides etc…) sont susceptibles d’être influencés par la déformation. Ces paramètres sont souvent peu contrôlés par les études, qui se limitent à une comparaison des âges obtenus dans des roches déformées et un protolithe indemne de déformation, rendant le lien direct ou indirect entre déformation et âges incertain.
Ce séminaire se propose de répondre à deux problématiques. La première consiste à tester l’hypothèse que le mica n’est pas forcément le principal agent d’adoucissement dans les zones déformées, en étudiant les mécanismes de déformation dans le reste de la roche (i.e. quartz et feldspath) le long de gradients d’intensité de la déformation dans la zone de cisaillement à l’Est du massif du Tende (Corse). La seconde problématique porte sur la signification des âges le long de ces gradients, via leur variation et leur corrélation possible aux structures et à l’intensité de la déformation, aussi bien sur des petites échelles d’espace que de grandes.
Les résultats principaux montrent que si le mica réagit à la déformation tout au long du gradient, il n’est pas forcément l’agent principal responsable de l’adoucissement, la déformation étant également fortement partitionnée dans des domaines biphasés à quartz et albite qui semblent contrôler la localisation de la déformation, en réponse aux transformations minérales et aux circulations de fluides.
Concernant les âges, deux extrêmes à 34-35 Ma et 24-25 Ma sont respectivement interprétés comme datant un incrément de déformation à la fin de l’enfouissement, et à la fin de l’exhumation dans les parties les plus déformées. Les âges s’étalant entre ces deux extrêmes peuvent représenter des âges de refroidissement, de cristallisation et sont affectés par des mélanges. De plus, ils ne sont pas strictement corrélés avec les textures/structures et l’intensité de la déformation, questionnant à la fois la possibilité de dater directement une structure ainsi que l’utilisation du rajeunissement comme d’un proxy pour une localisation dans le temps de la déformation.
Venez nombreux !